En qualité de Rapporteur national indépendant sur la lutte contre le racisme sous toutes ses formes, la CNCDH publie le rapport 2015 sur la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie

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Mis à jour le 26 janvier 2022

Rapporteur national indépendant, la CNCDH publie chaque année un rapport évaluant l'action des pouvoirs publics en matière de lutte contre le racisme sous toutes ses formes.

Rapporteur national indépendant sur la lutte contre toutes les formes de racisme, la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) rend public le 26eme rapport sur la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie. 2015 a été marquée par un engagement fort des pouvoirs publics dans la lutte contre le racisme. La CNCDH les invite à poursuivre leurs efforts pour changer durablement les regards parfois biaisés et négatifs portés sur l’Autre en s’appuyant sur les dynamiques positives à l’œuvre dans la société.

Des Français plus tolérants

Déjà perceptible en novembre 2014 et en mars 2015, la progression générale de la tolérance s’est confirmée lors de la dernière vague du baromètre réalisée par la CNCDH en janvier 2016 (+5 points), et vaut pour l’ensemble des groupes, qui semblent mieux acceptés. Ces résultats sont confortés par les nombreuses mobilisations et initiatives citoyennes appelant au rejet de la haine, à la solidarité et au rassemblement au-delà des particularités propres à chacun, qui se sont multipliées tout au long de l’année 2015. La minorité juive reste une des mieux acceptées dans l’opinion publique, devant les musulmans et les Roms.

71% des Français se déclarent en outre favorables à une lutte active contre le racisme en France, contre 55% en 2007. Ebranlés par les attentats qui ont touché notre pays à deux reprises en 2015, les Français semblent vouloir dépasser les préjugés, valoriser l’acceptation de l’Autre, exprimant certes un besoin de plus de sécurité mais aussi de plus de fraternité.

Cette tendance positive ne peut cependant pas occulter la réalité des chiffres : les actes à caractère raciste recensés par le ministère de l’Intérieur ont fortement augmenté entre 2014 et 2015 : +22,4%. Seule l’observation croisée des deux phénomènes permet de dégager des clés d’interprétation à cette apparente contradiction entre l’évolution des actes à caractère raciste et celle des opinions racistes.

Des pouvoirs publics plus engagés dans la lutte contre le racisme

Lors de ses vœux aux Français le 31 décembre 2014, François Hollande érigeait la lutte contre le racisme et l’antisémitisme au rang de Grande cause nationale pour l’année 2015. Puis le 17 avril, le 2e Plan national d’action de lutte contre le racisme et l’antisémitisme était présenté par Manuel Valls. La Commission note avec satisfaction que le Plan témoigne d’un volontarisme accru des pouvoirs publics et s’appuie sur des moyens renforcés. Le nombre inégalé de contributions reçues cette année par la CNCDH pour le présent rapport témoigne de l’engagement des pouvoirs publics autant que de la société civile.

Cependant, tout comme les instances internationales, la CNCDH dénonce des pratiques et des dispositifs qui contribuent à stigmatiser certains pans de la population, qui aggravent la rupture de confiance entre la population et les forces de l’ordre et favorisent le délitement du lien social : les campagnes d’expulsions des Roms, les contrôles au faciès qui stigmatisent les minorités visibles, la campagne gouvernementale réductrice et contre-productive #tousuniscontrelahaine, etc.

Un discours politique qui alimente les préjugés, les peurs irrationnelles et le rejet de l’Autre

La CNCDH s’inquiète vivement de la multiplication des « dérapages » verbaux des responsables politiques, des « petites phrases » à caractère raciste ou xénophobe qui, bénéficiant de facto d’une large couverture médiatique, participe à la libération de la parole raciste dans la société et nuise à l’efficacité d’ensemble du combat mené. La CNCDH en appelle à la responsabilité et au devoir d’exemplarité des représentants de la nation ou des aspirants à le devenir : le discours et l’action publics doivent conjointement être orientés de manière à promouvoir le « vivre ensemble » et le « faire ensemble ».

« L’éducation est l’arme la plus puissante qu’on puisse utiliser pour changer le monde. » Nelson Mandela

« La prévention la plus efficace de tous les racismes et de toutes les formes de discrimination est celle qui s’adresse aux plus jeunes des citoyens. » affirme Christine Lazerges dès les premières pages du Rapport. L’école a donc un rôle clef à jouer pour déconstruire les préjugés qui sous-tendent toutes les formes de racisme et de rejet de la différence. En ce sens, une des principales recommandations de la CNCDH (sur 77 au total) est d’encourager le débat en milieu scolaire, en évoquant les questions sensibles sans complexe et sans tabou, en créant par exemple des espaces de libre parole dont l’objectif serait de décrypter l’actualité et les faits de société et d’aiguiser l’esprit critique des jeunes. Même si les recommandations de la CNCDH s’adressent en priorité aux pouvoirs publics, il convient toujours et encore de rappeler que la lutte contre le racisme passe par les efforts de tous.

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