Le 18 juin, la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) a publié le 35ᵉ rapport annuel sur la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie.

27 mars 2025
ThèmeRacisme
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Mis à jour le 27 juin 2025
Le rapport annuel de la CNCDH
Désignée comme « rapporteur national indépendant sur la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie » en 1990, la CNCDH, Commission nationale consultative des droits de l’homme, remet chaque année au Gouvernement un rapport qui dresse un état des lieux du racisme en France.
La CNCDH évalue la politique publique menée, et contribue au contrôle du respect par la France de ses engagements internationaux en matière d’élimination de la discrimination raciale. La CNCDH formule une série de recommandations visant à combattre toutes les formes de racisme.
Ce rapport fonde ses analyses et ses recommandations sur des outils variés et complémentaires : le bilan statistique du ministère de l’Intérieur, celui du ministère de la Justice, les enquêtes sur l’état de l’opinion, les analyses des chercheurs partenaires de la CNCDH, les contributions des acteurs institutionnels, associatifs et internationaux.
Le rapport 2024
L’année 2024 a été une année politique sous tension, marquée par une très forte instabilité institutionnelle et une défiance accrue des citoyennes et citoyens à l’égard des institutions. Le désengagement institutionnel pour lutter contre les actes et les discriminations à caractère raciste est très préoccupant.
Tolérance et préjugés
Après une chute de trois points de l’indice de la tolérance en 2023, la tolérance progresse à nouveau : + 1 point en 2024. L’indice longitudinal de tolérance (ILT) s’établit à 63/100, soit le troisième meilleur score depuis 1990. Cependant, cette amélioration globale masque des disparités quant à l’intensité du rejet à l’égard des minorités. Les stéréotypes racistes restent profondément ancrés pour certains groupes de la population. Ainsi, les Roms sont toujours perçus comme groupe « à part » par 59 % de la population. Le Baromètre révèle aussi que certains préjugés tendant à rendre la personne immigrée responsable des maux de la société, notamment de la situation économique et sociale et de l’insécurité, perdurent. Les propos stigmatisants et discriminatoires tenus par certains responsables politiques, fréquemment amplifiés par des médias d’opinion, contribuent à ce phénomène.
Actes à caractère raciste
Après une année 2023 marquée par une explosion des actes racistes, et en particulier des actes antisémites, le nombre d’actes racistes enregistrés en 2024 par le ministère de l’Intérieur continue à augmenter et reste à un niveau inédit depuis le début de la collecte des données. En outre, les violences envers les personnes ont progressé.
- +11 % de crimes ou délits racistes recensés par les forces de l’ordre (9 350 faits – source : SSMSI).
- Plus de 1 570 actes antisémites recensés, un chiffre toujours très élevé, proche de celui de 2023 (source : DNRT).
- +55 % de signalements en ligne sur la plateforme PHAROS.
Or la réponse judiciaire n'est pas à la hauteur des enjeux
En 2023, seulement 8282 affaires étaient traitées par les parquets (soit une augmentation de 4 %), alors que cette même année, le nombre d’actes enregistrés par le ministère de l’Intérieur augmentait de 32 %. Et seules 1594 condamnations ont été prononcées. Le taux de classement sans suite demeure très élevé, bien au-dessus du contentieux général. Surtout, avec cinq condamnations en 2023 pour discrimination, la réponse pénale n’est pas à la hauteur des enjeux.
Sous-déclaration
1,2 million de personnes âgées de plus de14 ans se déclarent chaque année victimes d’au moins une atteinte à caractère raciste (Enquête VRS publiée en décembre 2023). Or, 97 % d’entre elles ne portent pas plainte.
La sous-déclaration ne recule pas en France. Elle s’explique notamment par la défiance envers les institutions, les difficultés à porter plainte, et le faible nombre de condamnations.
Focus : l'impact du racisme sur la santé
Les personnes victimes de racisme, quel que soit leur âge, voient leur état de santé se dégrader. Ces pathologies peuvent être la conséquence de stéréotypes raciaux et de biais discriminatoires (comme le « syndrome méditerranéen ») qui dégradent la qualité de la prise en charge médicale et peuvent même avoir des conséquences mortelles.
27 mars 2025
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