Début avril, en qualité de Rapporteur national indépendant, la CNCDH a participé à deux rencontres régionales sur la lutte contre l'exploitation des enfants et contre l'exploitation par le travail.

15 avril 2025
Mis à jour le 30 avril 2025
25e Conférence de l’Alliance contre la traite : mettre fin à l’exploitation des enfants
La CNCDH a participé à la 25e Conférence de l’Alliance contre la traite, organisée à Vienne du 31 mars au 1er avril 2025, autour du thème : “Protégeons leur enfance, façonnons leur avenir : mettons fin à l’exploitation des enfants”.
Qu’est-ce que l’Alliance contre la traite des êtres humains ?
L’Alliance contre la traite des êtres humains est une initiative phare de l’OSCE qui réunit annuellement tous les acteurs de la lutte contre la traite des êtres humains de la zone OSCE - représentants d’Etats, d’organisations régionales et internationales, institutions indépendantes, société civile, personnes survivantes…
L’objectif est de susciter un engagement politique et de partager des stratégies innovantes dans la lutte contre la traite des êtres humains.
Des chiffres alarmants
- Une augmentation de 31% du nombre d’enfants victimes détectés.
- Près de 40% de toutes les victimes de la traite sont des enfants .
- 60% des victimes sont des femmes et des filles.
- 58% de la traite a maintenant lieu au pays.
Des menaces émergentes inquiétantes
- Depuis 2017, une augmentation du matériel d’abus sexuel d’enfants généré par les utilisateurs en ligne.
- 275 000 signalements de contenu criminel en ligne détectés l’année dernière.
- 51% du contenu est hébergé dans les Etats membres de l’UE.
- Augmentation des cas de criminalité forcée et de sextorsion en ligne.
Kari Johnstone, représente spéciale et coordinatrice de l’OSCE pour la lutte contre la traite des êtres humains a lancé un appel urgent à l’action :
Nous devons tripler nos ressources, tripler nos actions et tripler notre responsabilité. Nous ne pouvons pas permettre à cette vague d'exploitation de persister ; Nous devons redoubler d’efforts, et non pas de tragédies. Il s’agit d’un appel non seulement à agir, mais à le faire de toute urgence.
Participation de la CNCDH
En qualité de rapporteur national indépendant sur la lutte contre la traite et l'exploitation des êtres humains, la CNCDH a consacré plusieurs avis aux enfants victimes de traite des êtres humains (Avis sur la traite à des fins de contrainte à commettre tout délit ou crime, Avis sur la traite à des fins d'exploitation sexuelle des mineurs) et évoque aussi régulièrement la vulnérabilité particulière des mineurs non accompagnés.
La CNCDH insiste systématiquement sur l’impératif de toujours considérer les enfants comme des victimes et de renforcer les dispositifs d’identification et de prise en charge et de reconstruction.
Retour sur la Conférence « Ensemble contre la traite des êtres humains à des fins de travail forcé et d'exploitation par le travail. »
La CNCDH a participé une conférence dédiée à la lutte contre la traite des êtres humains à des fins de travail forcé et d’exploitation du travail, organisée par la Pologne dans le cadre de sa présidence du Conseil de l’Union européenne. L’événement s’est tenu à Varsovie du 9 au 10 avril 2025.
Des chiffres alarmants sur l’augmentation de l’exploitation par le travail
- L’augmentation des victimes de l’exploitation par le travail (+35% au niveau de l’Union européenne).
- L’augmentation du nombre de victimes enregistrées au sein de l’Union européenne (+7% entre 2022 et 2023).
- 64% des victimes sont des citoyens et citoyennes hors de l’Union européenne.
Des réponses collectives émergent face aux enjeux de la traite de l'exploitation
- Encourager la bonne coopération entre les différents services (justice, inspection du travail, société civile, forces de l’ordre).
- Informer les migrants sur le droit du travail en vigueur, avant leur départ et dès leur arrivée sur le territoire.
- Faire des investigations économiques pour pouvoir saisir les avoirs qui ont été obtenus de manière illégale/illicite.
- Coopérer avec le secteur privé pour travailler sur la baisse de la demande de travail des victimes.
De l’intérêt des mécanismes nationaux d’identification.
Plusieurs pays ont présenté leur mécanisme d'identification et d’orientation des victimes de traite des êtres humains.
La France n’en a toujours pas. C’est pourtant un engagement inscrit dans le Plan nationale contre la traite 2019 – 2021 (mesure 16). La CNCDH, en qualité de rapporteur national indépendant, a formulé des recommandations précises pour élaborer et mettre en œuvre ce mécanisme dans un avis adopté en 2020.
Certes, chaque année, des statistiques sont publiées sur le nombre de victimes accompagnées par les associations, sur le nombre de plaintes déposées pour traite des êtres humains et sur les enquêtes et poursuites judiciaires engagées. Mais des lacunes existent et le dispositif existant ne permet une prise en charge, un accompagnement ; une protection adéquates des victimes ni une poursuite optimale des trafiquants.
La CNCDH rappelle en outre régulièrement la nécessité pour la France de développer son propre mécanisme, d'allouer davantage de moyens, d’augmenter le nombre de formations et d'améliorer la coordination entre les différents services. (En savoir plus sur le mandat de la CNCDH)
15 avril 2025